BILJOU
Modèle de bilan hydrique forestier
- UMR Silva
Couvert d’automne, forêt communale de Faulx.
Photo N Bréda
L’interface entre le couvert des peuplements et l’atmosphère joue un rôle clé dans le bilan hydrique. Les flux d’eau, entrants et sortants, sont modulés au cours de la saison par le couvert qui :
Dans le cas des peuplements à feuillage persistant (incluant les résineux et de nombreux feuillus méditerranéens comme le chêne vert), leur indice foliaire peut être considéré en première approximation comme constant tout au long de l’année. Ces espèces dites sempervirentes (elles conservent un feuillage vert toute l’année) peuvent transpirer dès que l’évapotranspiration potentielle est significative. L’apparition de nouveaux éléments foliaires et la chute partielle de feuillage âgé impactent peu l’indice foliaire total du peuplement.
Phénologie des espèces décidues
Très faible luminosité observée sous une forêt de résineux.
La métrologie de ce paramètre est délicate et diversifiée. L’ouvrage de Bréda et al. (2002) en donne les principes, les méthodes de mesures et les limites. Depuis le sol, on distingue deux types d’approches complémentaires : directes et indirectes.
1. Le ramassage de litières en pièges à feuilles fixes dans des couverts décidus
La collecte de litières dans un réseau de bacs fixes lors des chutes d'automne permet d'évaluer en outre la biomasse de feuilles retournant au sol. Il est possible ensuite de convertir ce poids de feuilles en surface à l’aide d’un coefficient appelé surface spécifique. La surface de feuilles rapportée à la surface des collecteurs correspond à l’indice foliaire. Ce coefficient est déterminé par mesure de la surface individuelle d’un échantillon de feuilles.
La collecte de litières, ici illustrée sur une placette RENECOFOR, permet de mesurer (1) la date à laquelle toutes les feuilles sont tombées et (2) l’indice foliaire du couvert par méthode directe (photo N Bréda).
Mesure au laboratoire de surface de feuilles de chênes (photo M Becker).
Mesure d’indice foliaire à l’aide de l’analyseur de couvert LAI-2000 (LiCor, Nebraska, USA). Photo F. Bréda.
La méthode directe n'est pas utilisable pour les espèces à feuillage persistant, dont la fraction d'aiguilles ou feuilles tombée chaque année n'est que partielle. Des appareils portables appelés "analyseurs de couvert" sont disponibles pour déterminer sur le terrain l'indice foliaire des couverts végétaux. Ils utilisent des relations entre la proportion de lumière interceptée par le couvert et l'indice foliaire.
La composition en espèces, la densité du peuplement, la sylviculture, l’âge des arbres, la fertilité du site, les conditions climatiques et phytosanitaires récentes sont autant de sources de variabilité de l’indice foliaire. En forêt gérée, le premier facteur explicatif de l’indice foliaire est la sylviculture appliquée au peuplement. Cependant, il n’existe pas de relation simple, robuste et générique entre les variables dendrométriques classiques (surface terrière, densité, indice de compétition …) et l’indice foliaire.
Là aussi, la plus grande variabilité de l’indice foliaire d’un peuplement entre les années est liée aux interventions sylvicoles : les éclaircies, dépressages, cloisonnements, coupes d’ensemencement sont autant d’actions du sylviculteur qui modifient temporairement l’indice foliaire. Ainsi dans un massif donné et pour des parcelles de chênaies, on peut mesurer des indices foliaires variant du simple au triple.
Exemple de variabilité de l’indice foliaire de chênaie entre parcelles d’un même massif forestier, mesurées à la même date à l’aide d’analyseurs de couverts.
Dans Biljou©, la date de débourrement est considérée comme le démarrage effectif de la transpiration des arbres à feuilles caduques. Cette date a été fixée lors de campagnes de mesure le flux de sève des arbres, permettant de relier très précisément transpiration et surface foliaire. En effet, les jeunes feuilles sont déjà fonctionnelles, même si elles n’ont pas encore atteint leur transpiration maximale. C’est également à partir de cette date que l’expansion foliaire est décelable et donc que la mise en place de l’indice foliaire est initiée. Cette date correspond au stade 15 (premières feuilles étalées sur au moins 50% du houppier) dans le référentiel BBCH ou à la note 6 de l’échelle de Schüttle (1957).
Exemple de jeunes feuilles de chêne (à gauche) et de hêtre (à droite) dont la transpiration est suffisante
pour induire un flux de sève brute dans le tronc et donc une absorption d’eau du sol.
(Photos : M Zapater)
Dans Biljou©, la date de chute des feuilles (ou aiguilles chez les mélèzes) est considérée comme celle à laquelle il n’y a plus que le bois (tronc et branches) qui intercepte les précipitations. La collecte de litières, ici illustrée sur une placette RENECOFOR, permet de mesurer (1) la date à laquelle toutes les feuilles sont tombées et (2) l’indice foliaire du couvert par méthode directe (photo N Bréda). La transpiration est quant à elle ralentie puis arrêtée avant cette date, en fonction de la proportion d’indice foliaire vert encore en place. Ceci est reproduit dans Biljou© grâce à des fonctions construites sur de nombreuses mesures de flux de sève. La date de chute des feuilles correspond au stade 99 dans le référentiel BBCH (90% des feuilles du houppier ne sont plus vertes ou sont tombées) ; cette date correspond grossièrement à une dizaine de jours après le stade 95. Notons que la précision sur cette date de fin de saison est moins sensible sur le bilan hydrique du peuplement.
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